Etape 8 : Azofra - Vilario de Rioja
Etape 8.
Je crois que l'interview de Ben m'a un peu secoué.
Ce n'est pourtant pas la première fois que je rencontre quelqu'un d'un peu "fou". Mais, dans ces cas là, on écoute l'histoire en hochant la tête, guettant la moindre occasion d'y couper court pour continuer notre route, notre soirée ou ce qu'on était en train de faire.
Cette fois, j'ai écouté, traduit, visionné encore et encore...Au début j'avais un peu envie de rigoler quand j'ai entendu cette histoire de démon. Et puis, finalement, je ne rigole plus du tout. Je trouve ça intéressant qu'un type paumé de la sorte ait trouvé une porte de sortie qui le conduise vers des actions positives. Jesus, Dieu, Allah, Mahomet, Vishnou...peu importe qui il a croisé, au moins il n'est pas en train de faire n'importe quoi.
Vous l'avez compris, le Camino est en train d'affirmer son emprise. Il a fallu une semaine, à peu près ce que disent les guides. Et pourtant je ne passe pas 6h par jour, tout seul, à marcher.
Ce soir, nous avons dormi dans la seule auberge, ouverte, de Vilario. Elle est tenue par un couple qui approche la soixantaine, qui passe ses journées à bouquiner au soleil devant la maison, en écoutant des disques de Pink Floyd.
Cinq euros la nuit. Et pour le repas ? Vous donnez ce qui vous semble juste.
Le soir, nous avons partagé notre repas, à quatre, sur une nappe à carreaux bleus, en buvant un verre de vin. Les gens se confient doucement. On échangent des moments passés, on discute un peu religion, voyage, mais la barrière de la langue nous garde des longues diatribes de tous ses types qui adorent s'entendre parler dans l'espoir de séduire.
Nous sommes en plein cliché et à mort les cyniques.
C'était parfait.
Côté vidéo, je continue de faire des blagues car c'est ma façon de prendre du recul sur ce que je vois, sur ce que j'entends et sur les raisons qui ont conduit Guillaume à venir marcher. On a peut être l'air de deux copains, partis en vacances et qui déconnent, mais la vérité est un peu différente. Je n'arriverai pas à la montrer avec une vidéo de cinq minutes, montée en deux heures de toutes manières.
Le mieux c'est de nous rejoindre sur le Camino.